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lundi 4 avril 2011

Les bénévoles et le numérique

Nous sommes beaucoup de professionnels en activité, en recherche de postes ou à la retraite à consacrer quelques heures de notre temps libre à des actions bénévoles. Le numérique bouleverse fondamentalement les organisations, les pratiques ainsi que les chemins vers les interlocuteurs traditionnels et les nouveaux indispensables.

La révolution du bénévole numérisé. Comme dans les espaces professionnels, éducatives, culturels, artistique et sociétaux, le numérique en général et le web en particulier, sont en passe aussi de révolutionner l'efficacité des bénévoles. Si il existe un secteur parfois oublié et qui n'intéresse que peu les médias faute de leurs apporter de l'audience, c'est le bénévolat de proximité. En faite le bénévolat de proximité est le plus ancien, le plus discret et le plus représenté en France.  A l'instar des multinationales de la solidarité, ces bénévoles d'à coté de chez vous n'ont que très peu d'appui ou lobbying, encore moins de responsable de communication pour être visible ou encore professionnel de la relation de presse pour être écouté. Ils travaillent en silence mais aujourd'hui cela ne suffit plus dans un monde qui s'organise en réseaux.

Le web amplifie aussi la fracture numérique du bénévole. Le numérique, amplifiant encore plus l'efficacité déjà existante des multinationales du bénévolat, crée sans que personne ne s'en aperçoive ou en parle, une fracture numérique en concentrant les ressources entre quelques entités gigantesques dont l'efficacité n'est pas à débattre ici mais qui laissent de moins en moins de place aux initiatives locales. Ces initiatives à coté de l'humain commencent à manquer de tout, surtout de moyens comme de la communication pour exister et des financements pour réaliser leurs actions. Le pire c'est qu'à force de devenir invisibles elles finissent aussi par manquer de bénévoles. Que pouvons-nous faire ?

Trop n'est parfois pas mieux que "pas assez". Les grandes mécaniques du bénévolat sont obligées de faire des choix et donc abandonnent de nombreuses causes que ne sont parfois même plus sur d'être reprises par des petites ou moyennes associations, privées de visibilité et de financements. Il est temps de faire évoluer nos organisations pyramidales en mode silos pour découvrir celles en actions horizontales en réseaux  territoriaux optimisées par la puissance du numérique conjuguée avec les effets des réseaux sociaux virtuels et réels.

Le bénévole doit être visible pour exister. Ce que nos collègues des médias ne peuvent plus faire en matière de visibilité, les internautes le peuvent. Par ailleurs tout le monde n'a forcément envie de donner à une cause mais peut s'investir autrement. Je crois qu'il faut respecter ce type de choix. Selon mon expérience, il est contre-productif en marketing du secteur associatif de culpabiliser ceux qui ne donnent pas ou d'harceler ceux qui ont donné une fois ou dans une seule cause. Comme dans les réseaux sociaux professionnels, la communication de masse inondant nos boites aux lettres emails ou réels est une approche qui fait perdre plus de points de réputation qu'elle ne fait gagner de donateurs durables. L'émotion passée, l'effet du zapping inter causes reprend de sa vigueur. A coté de ces approches traditionnelles utilisant maladroitement la puissance du numérique, vivent des millions d'internautes qui ont des compétences web et qui soutenus par des blogueurs, peuvent s'inscrire dans des actions de relais pour aider les bénévoles à coté de chez eux. L'humain sur le web passe de la posture de simple spectateur à celle d'acteur dans une chaîne de solidarité qui grâce à des liens virtuels utiles contribuent à amplifier l'efficacité des bénévoles et parfois même à éviter que leurs actions disparaissent.

Le web n'est pas si cher. Par ailleurs les outils du web, correctement organisés et personnalisés aux usages nécessaires, ne sont pas des investissements incompatibles avec le monde associatif. Hors mis les compétences associées, beaucoup sont gratuits. La mutualisation numérique des compétences nécessaires est aussi une bonne stratégie pour coproduire des actions visibles entre associations qui souvent sont trop petites pour avoir une chance d'exister dans les nouveaux univers virtuels. Aux risque d'en décevoir beaucoup, créer un site ou un blog ne sont que le commencement du travail numérique pour espérer des résultats. Les groupements d'employeurs sont également une piste rentable pour embaucher une compétence en temps partagé entre plusieurs associations qui développent des causes connexes.

Monde associatif et entreprise, même combat. N'oublions pas, que comme dans le monde professionnel, les acteurs de l'associatif ont besoin aussi de découvrir comment conjuguer en version numérique les verbes partager, mutualiser, coopérer et utiliser une panoplie de nouveaux mots comme numérique, web, synergie, blog, ubiquité, présence web, et E-réputation.

Merci d'avance pour vos commentaires et témoignages.

Pour prolonger le débat, une discussion s'ouvre dans le cercle d'intelligence collective (+ 1300 membres) dans le réseau Viadéo et un Hub "Les Pro bénévoles " vous attend pour se retrouver autour d'un même centre d'intérêt.

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